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Un symposium digne du grand homme que fut Ba Mamadou

Publié par Alphabim On samedi, juin 06, 2009
C’est un véritable assemblage de personnalités politiques, de représentants d’organisations internationales, de membres du corps diplomatique, de militants des partis politiques, d’amis de longue date et de curieux qui a rempli la salle des congres du Palais du Peuple, le Dimanche 31 Mai 2009, pour rendre les derniers hommages au doyen de la classe politique guinéenne, Ba Mamadou, décédé a Paris le 26 Mai des suites d’une longue maladie. Il y eut tellement de monde que le service de sécurité fut par moments, débordé.

Le décès de l’infatigable combattant pour la démocratie en Guinée m’avait profondément attriste. Apres le décès de ma mère le 1er Avril 2009, c’est un autre coup dur qui venait de m’être porté. Je me rappelle que c’est elle qui me parla de lui, la première fois, alors que je n’étais qu’un gamin. C’est avec elle que j’ai entendu pour la première fois le nom Ba Mamadou « Banque Mondiale ». Elle me parlait aussi de Barry Ibrahima dit Barry III, un seriyanke comme elle. Ils étaient tous à peu près de la même génération. Barry III ne vécût pas longtemps car il tomba victime de la répression aveugle qui s’était abattue sur le pays au début des années 70. Je n’eus donc pas le temps de le connaitre. Le jour qu’il fut pendu au pont du 8 Novembre, ma mère s’opposa énergiquement à ce qu’on aille voir le spectacle macabre que le PDG offrait a son peuple. Je compris plus tard que c’était pour ne pas que notre âme soit souillée.

Quant à Ba Mamadou, nos routes se croisèrent sur le terrain politique. Ah ! Comme le destin sait arranger les choses. J’assistai a la naissance de l’Union pour la Nouvelle République (UNR) a Washington et New York, mais je choisis de militer dans le PRP de Siradiou Diallo dont le programme et les idéaux étaient plus proches de mes convictions politiques. Apres la fusion du PRP, de l’UNR et du RNP, j’eus à travailler étroitement avec Ba Mamadou surtout quand il se rendait a Washington ou New York, ou avec les amis et les militants, nous lui réservions un accueil digne d’un héros.

Pour toutes ces raisons, je tenais à assister à cette cérémonie d’adieu au Palais du Peuple pour m’incliner devant la dépouille de cet illustre disparu. J’y tenais non seulement pour moi-même mais aussi pour tous les amis de New York, Philadelphia et Washington avec lesquels nous avons tant lutte mais qui malheureusement ne pouvaient être la ce jour. Déjà en 2004, la fédération de l’UPR aux Etats-Unis m’avait dépêché a Conakry pour assister aux obsèques de notre regrette Siradiou Diallo. A Labé, j’avais rencontre Ba Mamadou, assis a cote de Sidya Toure, Jean Marie Dore et El hadj Biro. Il avait senti a quel point j’etais accable et il m’avait longuement serre la main avant de me prodiguer des conseils. Je me rappelle encore sa phrase : « Ne te decourage pas ! Nous allons continuer le combat. Il faut tenir le coup ». J’étais loin de me douter que cinq ans plus tard, lui aussi ne sera plus avec nous. Quelque temps avant son depart pour Paris pour y traiter le mal qui devait l’emporter, je l’avais rencontre a la grande mosquée Fayçal de Conakry au sortir de la prière du Vendredi saint. Il m’avait dit : « Mais Sadou tu te fais rare, on ne te voit pas ! » Je lui avais répondu : « Oh, je m’excuse mais je travaille et voyage beaucoup ces derniers temps ». Sur ce, il rétorqua : « Mais passe au siège, tu nous verras tous là-bas ». Je promis et ce fut notre dernière conversation.

Des hommages bien mérités

Bien que l’attente fût longue avant le début de la cérémonie, ce fut un événement d’une grande solennité. Il y eut des moments très émouvants surtout quand on annonça l’arrivée de la dépouille mortelle dans la salle, aux cris de Allahou Akbar, Allahou Akbar… !

Puis ce fut le moment des discours et tous les partis politiques représentés dans la salle furent invites à intervenir. La coordinatrice du système des Nations-Unies en Guinée, Mme Gbaranga Gassaringbe interviendra au nom des organisations internationales et l’ambassadeur de France en Guinée le fera pour le compte des ambassadeurs présents dans la salle. Il y eut de bons discours, des témoignages très poignants mais aussi des discours de mauvais gout, qui n’étaient pas du tout appropries pour la circonstance. Pour cela, j’éviterai donc de parler de ces discours et même de leurs auteurs qui auraient du réfléchir a deux fois avant de s’adresser a un parterre de personnalités aussi prestigieuses les unes que les autres. Ils se reconnaitront eux-mêmes sinon comment peut-on demander aux gens de faire des témoignages et qu’ils se lancent dans une diatribe politique. C’est un manque de bon sens quand on ne sait pas ce qu’il faut dire en telle ou telle circonstance.

Chez certains, on voyait bien le manque de sincérité. On voulait se justifier, s’excuser des erreurs commises. Mais comme dirait l’autre, c’est bien trop tard ! Le doyen est parti. Il fallait le faire de son vivant, sinon cela devient de l’opportunisme politique. Je m’excuse mais on ne peut faire du forcing avec ces choses-la. Je ne parlerai donc pas de ceux-là aussi.

Heureusement qu’il y eut des interventions très remarquées et très touchantes. Le premier à prendre la parole fut le président de l’UFD, Mamadou Bah Baadiko. Il le fera dans un langage franc, direct et impressionnant. C’est un brillant orateur et chaque fois qu’il ouvre la bouche, on sent que c’est l’intellectuel qui parle. Quand il eut finit, l’audience a spontanément applaudi. On a du rappeler aux gens qu’il n’était pas nécessaire d’applaudir, l’occasion ne s’y prêtant pas.

Un autre qui a parle de façon sincère et convaincante est le jeune leader du MMP dont le nom m’échappe. Il a révélé à l’audience qu’il n’avait que trente ans mais il en impose par sa présence. Il doit être originaire soit de la Basse-Cote, soit de la Haute Guinée mais il a termine son discours en langue peule en disant que si les Bah Mamadou n’ont pas parachevé l’œuvre, eux, ils y parviendront. Il sait de quoi il parle car il sait qu’il est jeune et qu’il a tout l’avenir devant lui. C’est très rassurant de savoir qu’il y a des jeunes de cette trempe prêts à continuer la lutte pour la démocratisation du pays et parachever l’œuvre des aines.

Quand Alpha Conde, le leader du RPG s’est levé pour parler à son tour, un lourd silence a plane sur la salle. Il est clair que le leader du RPG commande l’attention. Tout le monde se demandait ce qu’il allait dire. Il s’exprimera à voix basse se contentant de rappeler les profonds liens qui existent entre lui et la famille biologique de Ba Mamadou, en particulier son épouse et ses sœurs. Il ne fera pas cas de la famille politique du doyen, sinon que de l’UNR, une formation politique longtemps disparue. Il évitera soigneusement de parler de l’UFDG pour ne pas lui donner le moindre avantage sur le terrain. Il fut bref mais il eut le temps de rappeler que lorsqu’il fut arrêté, Ba Mamadou et son épouse passaient régulièrement lui rendre visite en prison. Lorsqu’il relatait cet épisode, je ne pouvais m’empêcher de me rappeler a moi-même comment nous avions marche avec le doyen Ba Mamadou de son hôtel jusqu’au Parc Lafayette, devant la maison blanche pour protester contre l’arrestation du professeur Alpha Conde. Apres la manifestation, nous avions pris le chemin du retour, encore jusqu'à son hôtel, tout le temps entrain de nous édifier sur la lutte politique en Guinée. Alpha Conde semblait donc sincère et bien peine.

L’ex-premier ministre, Lansana Kouyaté, est venu en retard du au fait qu’il était a l’intérieur du pays. Son intervention n’en était pas moins attendue. Lorsqu’il se dirigeait vers les micros, mon voisin fit remarquer : « En voila un qui sait parler ». Kouyaté restera égal à lui-même et ne décevra point. Il fera son témoignage avec des anecdotes dont il est si coutumier.

Ce fut assez rafraichissant de voir mon ami Abe Sylla, leader du parti Nouvelle Génération pour la République, monter a la tribune pour s’exprimer au nom de son parti. Il n’avait pas tellement côtoyé le doyen Ba et c’est pourquoi il fut très bref. C’est mieux ainsi car quand on n’a pas grand-chose à dire, mieux vaut être bref. Mais le fait de le voir a cette tribune entrain de s’exprimer devant une audience aussi large m’a rassure que l’espoir est encore permis en Guinée. J’ai passe de longues années à discuter avec Abe Sylla à Washington de la situation politique en Guinée, les enjeux et les défis. C’est un ingénieur de haut niveau et un businessman accompli qui si la chance lui est offerte, pourra régler les problèmes d’électricité et d’eau en Guinée.

Maitre El hadj Alpha Abdoulaye Porthos Diallo s’exprimera au nom des victimes du Camp Boiro. Il rappellera que Ba Mamadou avait lui aussi été condamne a mort par contumace sous le régime du PDG. Le sort a voulu qu’il échappe parce qu’il se trouvait a l’extérieur. Il rappellera qu’il avait connu le doyen des sa tendre jeunesse et ils avaient collabore ensemble a la naissance du multipartisme en Guinée. L’ancien ministre rappellera qu’ils avaient forme avec Alpha Conde plusieurs alliances avant que lui-même ne décide de se retirer de la politique pour des raisons qu’il expliquera plus tard. C’était très émouvant à entendre et on sentait qu’il était peine. Il parlera de son rêve de voir tous les guinéens devenir des princes dans une nation riche débarrassée de l’ethnocentrisme, du tribalisme, régionalisme et du népotisme. Il finira son discours en faisant un « Dua » impressionnant en langue arabe. En tout cas l’ancien ministre aura impressionne par sa maitrise non seulement de la culture occidentale mais aussi islamique.

Tout aussi émouvant furent les témoignages des amis d’enfance tels que le doyen Félix Faber et El hadj Mountaga Balde. Tous les deux etaient tres affliges et on sentait le poids de la peine en eux. El hadj Mountaga ne put meme pas prononcer son discours, étreint par l’émotion.

Le président de l’Union des Forces Républicaines (UFR) n’était pas en reste. Son intervention fut très remarquée parce qu’il délivra ses propos de façon ordonnée, méthodique et en se limitant a l’essentiel. On sentait en lui le technocrate consomme. Il rappellera le parcours technocrate du défunt et son action politique. Il parlera de leurs fréquents contacts à Abidjan ou Ba Mamadou s’était retire pour créer une société. Mais ce qui m’a surtout plu chez Sidya est qu’il fut l’un des rares a parler avec des notes sous la main. Dans une Guinée ou les gens aiment souvent faire des discours improvises, sans tête ni queue, sans structure, ou on raconte du n’importe quoi, c’était très rafraichissant de voir quelqu’un qui a compris que devant une certaine audience, il est toujours mieux de préparer son discours. Malheureusement chez nous, c’est le monde à l’ envers. Quand on voit quelqu’un prononcer un discours improvise, on dit « Ah lui il est fort hein ! », alors que la personne souvent parle du coq a l’âne. Par contre si vous vous referez à un texte écrit, on a tendance à minimiser cela. Or j’ai vu les plus grands orateurs qu’on puisse trouver comme les Barack Obama, Bill Clinton se référer a des textes rédigés par leur staff. Même pour ceux-là leurs discours sont rédigés à l’ avance. Vers la fin des années 70, j’étais au Sénégal mais je n’ai jamais vu le président Senghor, l’un des plus grands poètes et lettre de grammaire française, s’exprimer sans tenir un bout de papier sous la main. C’est dire donc que cette simple précaution de Sidya Toure m’avait beaucoup rassure.

Mais s’il faut rendre a César ce qui est a César, le meilleur discours de la cérémonie fut prononce par Mme Assiatou Bah Diallo, la veuve de Siradiou Diallo. C’était un discours bien structure, pertinent, fluide, émouvant et captivant. Dans son texte bien riche, elle a tout dit. Tout y était, les anecdotes, le parcours du doyen, son expérience, leurs relations etc. et elle aura réussi à capter toutes les émotions. On était transporte d’une émotion a une autre. C’était vraiment un tour de force et si elle a réussi cela c’est parce qu’elle s’exprimait a partir d’un texte bien rédigé. Une grande leçon pour ceux qui pensent que les discours improvises sont toujours les meilleurs. Je ne serai point étonné que les gens demandent à Mme Siradiou une copie de son brillant texte. Si elle avait parle sans notes, les bras en l’air, comment pourrait-on archiver quoi que ce soit ?

Elle était la encore la grande dame, présente pendant la cérémonie de décoration de son mari feu Siradiou Diallo et du doyen Ba Mamadou. Une scène solennelle et très émouvante. Tous les deux ont été élevés au rang de chevalier de l’ordre national du mérite. Mme Siradiou reviendra au micro pour dire que cette medaille n’avait pas été seulement décernée a son mari mais aussi a tous les journalistes puisqu’il était journaliste de profession mais aussi a tous ceux qui l’avaient aide et supporte dans sa lutte politique. Il était vraiment difficile de retenir une larme quand on pense a tous ces militants qui se sont sacrifies, qui ont donne le maximum d’eux-mêmes, qui ont donne argent, énergie, temps, sang pour que la démocratie s’implante dans notre pays.

Enfin, une reconnaissance ! Et c’est le lieu de dire qu’on peut ne pas être d’accord avec le capitaine Dadis Camara, président de la république, on peut ne pas être d’accord avec les modalités de la transition, mais il faut admettre que Dadis a au moins l’honnêteté et le courage de reconnaitre la valeur des grands hommes. En décernant ces médailles, il a réparé une grosse injustice. C’est tout à son honneur !

Le discours le plus attendu était celui du président de l’UFDG, El Hadj Cellou Dalein Diallo qui devait prononcer l’oraison funèbre. Il s’en acquittera avec élégance car lui aussi viendra avec un texte préparé. En tant que président de l’UFDG, la formation politique que le Doyen Ba Mamadou avait contribue à faire revivre, Cellou Dalein Diallo était à l’honneur. En lui faisant appel et en lui cédant son poste de président du parti, le doyen avait pratiquement désigné l’ex-premier ministre comme son successeur légitime. Ah ! Comme le destin sait arranger les choses ! Déjà il y a cinq ans, aux obsèques de Siradiou Diallo, c’est Cellou Dalein qui était encore en première ligne. Je me rappelle de manière vivide quand assis dans la grande mosquée de Karamoko Alpha Mo Labé, je l’ai vu arriver conduisant la délégation chargée de présenter les condoléances du gouvernement et du peuple de Guinée a la famille biologique et politique du leader de l’UPR. C’est lui qui se leva et transmetta le message du chef de l’état aux fideles musulmans et aux populations de Labé. Quand on sait qu’un bon nombre des compagnons de Feu Siradiou Diallo a rejoint le camp de l’UFDG, on peut difficilement nier le fait que Cellou Dalein est bien aujourd’hui l’héritier politique des leaders historiques que furent Ba Mamadou et Siradiou Diallo. D’ailleurs a la seule mention de son nom, l’auditoire s’exclamait : « Allahou Akbar, Allahou Akbar ». C’est dire qu’après avoir bâti une formidable machine politique en un temps aussi record, il est auréolé et est en passe d’avoir une position privilégiée dans la course pour la présidence.

Thierno Sadou Diallo

E-mail: sadou.diallo@yahoo.com

Source: www.ufdg.org


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