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Diaspourris et consorts ont failli faire le trop plein de la salle de l'hôpital Paul Brousse de Paris le jeudi matin 28 mai pour rendre un hommage mérité à Bâ Mamadou pour son combat politique au bled. Peu ont manqué à l'appel des présents. Sinon quasiment tous les diaspourris et autres diasripous, qui fleurent de bons ou d'insoutenables odeurs sur le net, depuis le ramassage du pouvoir par le Conseil National pour le Développement et la Démocratie (CNDD), ont fait le déplacement, chacun son idée derrière la tête.
Et puis le temps a été clément, une miséricorde certainement du Tout Puissant Allah à l'égard du défunt. Qui engoncé dans son parka avec son éternel képi usé sur la tête, qui flottant dans sa veste et traînant ses pataugas, qui tiré en quatre épingle, qui dans ses beaux atours traditionnels. Tout un petit monde bigarré présent à cette douloureuse cérémonie.
A 10h pile poil, piétaille et voitures débouchent de partout et prennent d'assaut l'hôpital Paul Brousse. On s'installe dans la salle désignée pour la circonstance. ça démarre avec des témoignages émouvants.
Tous les qualificatifs grandiloquents sont dits pour qualifier le défunt: "Bâ Mamadou, l'intrépide, le courageux, le téméraire, le gentil, le bon, l'incorruptible, l'intransigeant, Banque Mondiale..." L'on n'a pas pu retenir tous les qualificatifs égrenés par les parleurs de la cérémonie.
Le clou de ces récitals sur ces qualités presque vraies du regretté Bâ Mamadou achoppe sur un embouteillage des parleurs divisés en clans. Chaque clan voulant démontrer par A+B que le défunt en question est natif ou originaire de sa contrée. La salle persifle par des récriminations. Le porte-voix de la querelle arrive à calmer les querelleurs et donne la parole à Cellou Dalein Diallo, le successeur de Bâ Mamadou à la tête de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). Des murmures désapprobateurs couvrent ses petits maux de quelques secondes. Il nous semble l'avoir entendu remercier les gens d'avoir fait le déplacement. Il rend vite la parole sous la poussée des grondements. Le porte-voix reprend la parole et déroule la suite du rassemblement: on attend d'abord que les érudits fassent la prière mortuaire ensuite chacun se recueillera devant la dépouille. On opine et on sort de cette salle avec la certitude à la clé que les aïeux de Bâ Mamadou ne sont quand même pas venus de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
On se dirige vers la salle mortuaire. On attend dehors. Les érudits entrent. Pendant l'attente, François Lonseny Fall, capitaine de bord de son parti politique pour la conquête du pouvoir en Guinée, s'amène sur les lieux. Son "gnarimakha" ou laveur de chat à Paris lui fraie un chemin. Ils entrent dans la cour et trouvent là Cellou Diallo. Owé! Salutation. Chaudes poignées de mains. Les visages sont riants et éclatants. A bien lorgner Cellou, de méchantes langues disent qu'il a noirci et qu'il teinte lui aussi ses cheveux blancs. Quant à François Lounceny Fall, elles estiment que ses soupapes ont démesurément augmentés de volume.
Il faut peut-être conseiller Cellou de faire une dépigmentation de la peau pour snober et plaire davantage à ses fans. A Fall, lui dire de profiter de son séjour en occident pour se faire lui aussi une chirurgie esthétique du nez à la Machaël Jackson. C'est pas cher.
Des diasripous brandissent leurs appareils photos. Ils flashent Lounceny Fall et Cellou qui posent là souriants et détendus côte à côte.
Entre parenthèses, relevons que Fall est à Paris pour sa propagande prévue l'on ne sait quel dimanche. Et petite digression. C'est étonnant pour une formation politique qui vient de naître et qui n'a encore aucune assise nationale cherche à brosser les diaspourris et les diasripous et tous ces aigrefins expatriés, qui ne sont même pas recensés, dans le sens du poil. La bataille d'implantation à mener c'est là-bas au bled pas en occident. Si la présidentielle se tient en décembre prochain, ils ne seront pas légitimes à choisir dans l'urne leurs candidats. Il faut plutôt aller faire connaître son club politique à Yomou, à Timbi Madina, à Yokonkou, à Piné, à Kankalabé, à Missira, etc au lieu de s'illusionner avec ces derniers qui n'ont que bouche. Wallahi! ça aurait été l'avis du doyen Bâ Mamadou. Piloter à l'étranger un parti politique existant au bled comme l'a toujours fait Alpha Condé du RPG, mieux veut militer dans ce cas à la sécurité sociale comme le conseille si bien Ségolène Royal du Parti Socialiste français. Bof ! A chacun sa façon de perdre son temps et son énergie en politique. Fin cette digression.
Les bavardages politiques s'enchaînent ça et là en petits groupes à côté de la salle mortuaire de Paul Brousse. C'est les diaspourris qui bataillent pour l'avènement d'un développement social et économique, d'une justice indépendante, d'une démocratie au service de toutes et de tous en Guinée. C'est les diasripous qui ferraillent pour le maintien impératif aux commandements du patelin de Moïse Dadis Camara, le Pharaon du CNDD. On s'oublie carrément dans les papotages. On oublie même le pourquoi on est là.
Hé! Qui est cet homme et cette blonde qui accostent comme ça Lonseny Fall ? "C'est la bande du COTRADEG qui roulait pour Aboubacar Somparé. Maintenant ils cherchent à exister pour ne pas couler au moins en adhérant dans un club politique qui leur a ainsi offert sur un plateau des responsabilités politiques. Fall cherche désespérément des moutons...Il en a trouvés." Ah! Ah!
A côté, on voit et on entend Alhousseynou Cissé dit Campel, le seul représentant attitré du Pharaon du CNDD auprès des diaspourris s'adonner à son numéro de charme. Tiens! Tiens! Voici Oumar Manding Mori. Il promet de gentilles fessées à votre dévoué spatial qui le taquine souvent sur le net. L'ambiance est à la détente.
Après quelques minutes encore de causeries politiques, les organisateurs demandent aux diaspourris et aux diasripous et autres présents de se mettre en ligne.
On entre dans la salle mortuaire par groupe de 10 ou 15. Bâ Mamadou est couché là dans son sommeil éternel. Son âme est déjà monté au ciel depuis le lundi 25 mai. D'aucuns se recueillent, d'autres récitent des sourates afin que Dieu accorde sa miséricorde à Bâ Mamadou. Les diaspourris et les diasripous, eux, défilent tout simplement devant la dépouille. Aussitôt dehors, ils reprennent leur bavardage politique. Capi, quant à lui, ses pensées voguent en direction du disparu: "Ah! le doyen ne va plus nous invitait dans les restaurants de Paris pour parler politique en dégustant un repas plantureux..." Dr Abdoul Baldé de Rouen et Ahmed Sékou Kourouma, ex bosse de cette usine de Kindia que le régime de Lansana Conté a pillée, versent eux aussi dans les bons témoignages à l'adresse du décédé. Les anges ont noté à coup sûr tout ça. C'est au bénéfice du défunt. La levée du corps est prévu le vendredi 29 mai et l'enterrement à Dinguiraye le samedi. Que Dieu lui fasse miséricorde! Amen.
Benn Pepito
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