C'est un infatigable combattant de la liberté et de la démocratie qui vient de nous quitter, rappelé à Dieu.
En tirant sa révérence dans la discrétion et l’humilité le 26 mai 2009 à Paris, le Doyen BA Mamadou est parti comme il a vécu, dans la simplicité. Il laisse orphelins tous les guinéens et les africains épris de liberté, pour lesquels la démocratie n’est pas seulement un but mais une nécessité impérative, dans une Afrique plus que jamais abandonnée aux dictateurs et prédateurs de toutes sortes.
Combattant de la première heure, il avait déjà dès l’ère Sékou Touré montré la voix du combat contre l’oppresseur et par là même contre la dictature. Rien ne semblait effrayer BA Mamadou, ni les menaces, ni la violence, ni la prison qu’il a connue en ressortant encore plus fort et plus déterminé dans son combat pour une Guinée démocratique où chacun aurait sa place et où il ferait bon vivre avec une juste distribution des formidables richesses du pays. Avec la disparition du vieux guerrier c’est un livre d’histoire qui clôt un grand chapitre de la Guinée. IL faut bien dire, qui clôt et non referme, car il est certain que nombreux sont ceux qui vont vouloir bénéficier de l’héritage laissé par le vieux grognard de la politique guinéenne et poursuivre son œuvre. Et ce, à un moment, où plus que jamais les prochaines consultations électorales du pays, laissent espérer un retour des civils au pouvoir et certainement de l’UFDG, parti cher à BA Mamadou, que dans un dernier sursaut patriotique il aura comme un signe prémonitoire, légué au brillant Cellou Dalein Diallo, afin qu’il en fasse à court terme, le premier parti de Guinée et celui qui mènera le pays sur un nouveau chemin, celui de la démocratie et de la liberté retrouvée pour tout un peuple.
Il était de ces hommes que l’on avait plaisir à rencontrer et qui inspirait immédiatement la sympathie. Sa simplicité, sa gentillesse, tout autant que sa culture et sa grande connaissance de la politique séduisaient et inspiraient le respect. Tous ceux qui l’ont connu se souviendront certainement toujours, de sa jovialité et sa convivialité légendaire. Connu et apprécié de nombreux hommes politiques africains comme occidentaux avec lesquels il entretenait depuis des décennies des rapports courtois, même si certains n’étaient pas du même bord, BA Mamadou va laisser un immense vide affectif auprès de tous ceux qui l’ont côtoyé.
Pour moi qui l’ai particulièrement bien connu et aimé, il avait à mon égard, à la fois la tendresse d’un père mais aussi le comportement d’un mentor politique auprès duquel j’ai appris les réalités d’une certaine real politique, mais aussi le sens du combat pour notre pays, écrasé depuis plus d’un demi siècle sous une chape de plomb, qui à fait couler tant de sang et de larmes. Je m'honore de cette profonde amitié qui nous liait et de la bienveillance qu’il me manifestait depuis longtemps.
La vie est souvent cruelle, et la disparition de BA Mamadou à l’approche d’un nouveau jour qui va probablement se lever sur la Guinée d’ici la fin de l’année, ne lui permettra malheureusement pas de savourer ce moment mémorable attendu par tout un peuple depuis si longtemps. Il aurait été vraiment juste qu'il vécût la joie de l’aboutissement de toute une vie de combat pur, mené sans jamais avoir voulu en tirer un quelconque profit matériel. Il était de ceux si rares en Afrique, à considérer que faire de la politique répond à un idéal de vie et non à un but d’enrichissement personnel. Rien que pour cela, dès aujourd’hui, BA Mamadou mérite de rejoindre dans l’histoire de la Guinée et même de l’Afrique ses glorieux ancêtres qui étaient animés par le même état d’esprit. Le Panthéon de l’histoire de la Guinée lui est aujourd’hui grand ouvert, même s'il aurait été souhaitable qu’il demeure encore un peu auprès de nous, pour nous prodiguer ses sages conseils et sa vision de l’avenir.
C’est donc en ce triste moment, la Guinée toute entière qui pleure un combattant de la liberté et de la démocratie, avec un long parcours de plus d’un demi siècle, qui devrait lui donner le droit d’être élevé au rang de ‘’Héros National’’. Je me félicite que l’actuel Président de la République le Capitaine Dadis CAMARA, dans la droite ligne de sa politique de justice, ait su rendre au Doyen, l’hommage qui lui est dû en lui offrant des obsèques à la mesure de l’homme qu’il a été et du combat qu’il a mené toute une vie durant pour une Guinée unie toute entière tendue vers la démocratie et le développement.
Repose en paix BA Mamadou, tu as rempli sur cette terre la tâche que Dieu t’avait assignée, sans jamais faiblir ou changer de route. Tous les guinéens se souviendront éternellement de l’homme que tu as été et de tous les sacrifices que tu as consenti pour mener le pays vers des jours meilleurs. Oui tu as honoré ta patrie et l'Afrique par ton long combat politique, ta pugnacité, ton exemplarité. Aussi aujourd’hui, au moment où Dieu a décidé de t’accorder le repos éternel, permet-nous de te dire ce simple mot, merci pour la Guinée, merci au nom de tous les guinéens, merci pour la formidable leçon de courage, d’abnégation et de simplicité que tu nous a donnée.
On ne t'oubliera jamais! Jules Renard disait:"la récompense des grands hommes, c'est que, longtemps après leur mort, on n'est pas bien sûr qu'ils soient morts".
Nous implorons Dieu, le Tout – Puissant de t’accorder son infinie miséricorde ! Amen !
Cher Doyen repose en paix et que la terre de Guinée te soit légère !
Siradiou Diallo
Secrétaire fédéral UFDG – Benelux
Bruxelles
Source: www.ufdg.org
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